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MOBILISATION VEGETALE

plantes historiques du site de Valère et Tourbillon, micros

Le Créneau, Musée d'Art, Sion

 

Mobilisation évolutive, du 17 mai au 8 novembre 2015

collaboration avec Jacqueline Détraz-Méroz, botaniste et biologiste, et Jean-Joël Crettaz, jardinier

 

Aujourd’hui, l’Eden dont il ne faut pas se laisser chasser ressemble à la biodiversité

 

Les participants :

Achillea millefolium (achillée millefeuille) distribution euro-sibérienne

Allium sphaerocephalon (ail à tête ronde) distribution méditerranéenne

Calendula officinalis (souci officinal) d’origine méditerranéenne (non indigène, cultivé)

Centhranthus ruber (centhrante rouge) d’origine méditerranéenne (non indigène, introduit)

Chelidonium majus (chélidoine) distribution eurasiatique

Crocus sativa (safran, dès juin) originaire de l’ouest méditerranéen (non indigène, cultivé)

Dianthus sylvestris (oeillet des rochers) distribuée en Europe centrale et méridionale

Ephedra helvetica (uvette de Suisse) du Valais central

Erucastrum nasturtifolium (fausse roquette) distribué dans le Sud-Ouest européen, introduit

Festuca valesiaca (fétuque du Valais) distribuée jusqu’en Europe orientale

Galium album (gaillet blanc) distribution euro-sibérienne

Hieracium pilosella (épervière piloselle) distribution euro-sibérienne

Hyssopus officinalis (hysope) distribution méditerranéenne et en Asie occidentale

Iris x germanica (iris des jardins) originaire de Méditerranée orientale (non indigène, cultivé)

Leonurus cardiaca (agripaume cardiaque) distribution eurasiatique

Muscari comosum (muscari à toupet) distribution méditerranéenne

Onopordon acanthium (chardon des ânes) distribution eurasiatique

Opuntia humifusa (« cactus ») d’origine américaine (non indigène, introduit)

Papaver somniferum (pavot) d’origine incertaine, aujourd’hui cosmopolite, cultivé

Punica granatum (grenadier) d’Asie occidentale, Afrique du Nord (non indigène, cultivé)

Rosa foetida (rose de Nax) originaire du Sud-Ouest asiatique, de la Turquie aux confins de

  l’Himalaya, introduit probablement avant 1542, naturalisé à Valère

Salvia sclarea (sauge sclarée) d’origine méditerranéenne (non indigène, cultivé, échappé de jardin

Trifolium arvense (trèfle des prés) distribution méditerranéenne 

 

Texte de présentation du Musée d'Art

« Aujourd’hui, l’Eden dont il ne faut pas se laisser chasser ressemble à la biodiversité. » Sabine Zaalene

Conçue spécifiquement pour Le Créneau, l’installation de l’artiste Sabine Zaalene est constituée de plantes historiques issues des milieux voisins de Valère et T ourbillon. Cette Mobilisation végétale invite le spectateur à s’installer sur un coussin d’herbe surélevé. De là, il peut observer le rassemblement qui s’est constitué en cercle autour d’un grenadier d’Afrique du Nord : le cactus d’origine américaine y dialogue avec la « rose de Nax » issue d’Asie, tandis que le très méditerranéen trèfle des prés grandit aux côtés de l’uvette suisse, originaire du Valais central. Quel est le propos de cette manifestation ? Les pieds de micros plantés au cœur de cette « foule » permettront peut-être d’en révéler le contenu. Comme des tuteurs servant à assurer la croissance des plantes, ils donnent une voix à ces peuples qui revendiquent le droit à la biodiversité.

Cet îlot protégé par une succession de barrières – le champ d’herbe, la végétation de bordure, les créneaux du bâtiment – n’évoque pas seulement le jardin clos du Moyen Âge ; il rappelle aussi les environnements, les puissances géologiques et les civilisations que chacune de ces plantes a traversées avant de prospérer au fil des siècles dans le climat méditerranéen, aride et steppique de la région. Les études scientifiques de Jacqueline Détraz-Méroz et Jean-Claude Praz ont permis à l’artiste de souligner la généalogie de ces espèces : alors que certaines plantes ont été parsemées par les vents, d’autres ont été plantées et cultivées par l’homme. Le grenadier a effectué un parcours remontant à la Perse ancienne ; la tulipe et le safran se sont frayé un chemin jusqu’à nous depuis le Moyen Orient grâce à la tulipomanie d’Anvers et de Hambourg ; l’iris a traversé l’Asie Mineure pour accéder à l’Europe méridionale ; quant au figuier, il est originaire d’Amérique et il s’est introduit en Europe aux alentours du XVIème siècle. Cette histoire des migrations rappelle l’aspect essentiel d’une circulation libre pour la pérennité d’un écosystème.

Bien plus qu’un jardin, l’œuvre de Sabine Zaalene témoigne d’une forte dimension symbolique. L’artiste, dont les études en histoire de l’art ont porté sur les jardins et les métamorphoses végétales chez Ovide, nous rappelle que l’origine des plantes était souvent expliquée par l’amour entre les hommes et les divinités dans la Grèce antique. Par exemple, le fruit du grenadier – qui contient plusieurs grains sous une seule peau – a été le symbole de l’union fertile dans les traditions antiques avant d’être récupéré par la culture chrétienne pour représenter la communauté des fidèles, devenant même un symbole de la Vierge.

Ainsi, cette Mobilisation végétale est une œuvre conceptuelle, participative et sensorielle qui peut s’entendre comme un éloge des enrichissements mutuels des êtres vivants. Soumise aux intempéries et en perpétuelle métamorphose, elle se détermine au rythme conditionnel des floraisons respectives de ses membres. Exposée aux variations climatiques, à la pluie et aux vents, l’installation apparaît d’autant plus précieuse qu’elle demeure fragile malgré son enveloppe. L’île-jardin de Sabine Zaalene, à la fois réceptacle et source, forme une arche qu’il faudra protéger de la mise à flot. 

 

Infos : Musée d'Art, Sion

 

 

 

réal SZ

 

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